Perspectives économiques au Cameroun

Développements macroéconomiques et financiers récents
Le taux de croissance économique est passé de 3,6 % en 2022 à 3,8% en 2023 grâce aux bons résultats des secteurs de la sylviculture et de l’exploitation forestière et au dynamisme du secteur des services. Du côté de la demande, la croissance a été principalement portée par des investissements privés. L’inflation, qui s’établissait à 6,3% en 2022, est passée à 7,4% en 2023, sous l’effet des prix des denrées alimentaires qui ont augmenté de 11,1%.

Le déficit budgétaire a reculé, passant de 1,1% du PIB en 2022 à 0,9% en 2023, en raison d’une meilleure rationalisation des dépenses publiques, de politiques visant à élargir l’assiette fiscale (par rapport à la charge fiscale actuelle de 12,6% du PIB) et de la hausse des prix du pétrole. La dette publique est passée de 45,3 % du PIB en 2022 à 41,8 % en 2023, bien que le Fonds monétaire international classe toujours le pays parmi les pays présentant un risque élevé de surendettement. Le déficit du compte courant a diminué, passant de 3,4% du PIB en 2022 à 2,7% en 2023, en raison de l’amélioration de l’excédent des revenus primaires et de l’augmentation de la production de gaz. La qualité des portefeuilles du système bancaire s’est légèrement détériorée, le ratio brut des comptes en souffrance passant de 13 % à 15,4 % entre fin 2022 et la mi-2023. Toutefois, le ratio de fonds propres est passé de 15% à 16,3% au cours de la même période.

Selon la Banque mondiale, parmi la population économiquement active, le taux de pauvreté à 2,15 dollars par jour était estimé à 23% en 2023, et le taux de chômage était estimé à 3,7%, en raison de la faible croissance économique.

Perspectives et risques
La croissance du PIB devrait atteindre 4,1% en 2024 et 4,4% en 2025 grâce à une augmentation progressive de la production nationale de gaz et à la hausse des cours mondiaux des matières premières. L’inflation devrait chuter à 6,3 % en 2024 et à 4,3 % en 2025 en raison du resserrement continu de la politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale. Le déficit budgétaire devrait continuer à reculer pour atteindre 0,5 % en 2024 et 0,2 % en 2025 grâce à la poursuite des réformes fiscales et à la rationalisation des dépenses publiques. Le déficit du compte courant devrait également reculer pour atteindre 1,9% en 2024 et 1,6% en 2025, alors que les exportations de gaz continuent d’augmenter. Les risques qui pèsent sur ces perspectives de croissance sont liés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à la guerre entre Israël et le Hamas, aux conséquences négatives sur les chaînes d’approvisionnement en produits, ainsi qu’à une possible résurgence des tensions sociales dans le pays.

Réforme de l’architecture financière mondiale
Les transformations structurelles sont lentes. Entre 2000 et 2023, la contribution du secteur des services au PIB a connu une nette augmentation, passant de 44,3% à 51,9%, au détriment du secteur industriel, dont la part a diminué de 34,1 % à 25 % du PIB. La structure de l’emploi a considérablement évolué entre 1990 et 2019, avec une nette diminution de la part de l’emploi dans le secteur agricole, qui est passée de 70% en 1990 à 43% en 2019, tandis que la part des services est passée de 20% à 42%. La part de l’emploi dans l’industrie est restée globalement stable au cours de la période.

Pour assurer une transformation structurelle, le pays doit redoubler d’efforts pour mobiliser non seulement les ressources nationales, mais aussi les ressources extérieures concessionnelles nécessaires au financement des projets d’infrastructure dans les domaines de l’énergie et des transports à un prix abordable. Il est impératif de réformer l’architecture financière mondiale afin d’accroître le pouvoir de décision de l’Afrique au sein des principales institutions financières internationales. Cette mesure permettra de mieux prendre en compte les priorités de l’Afrique, notamment en matière d’accès à des ressources stables et à long terme. Concernant le Cameroun, pays du bassin du Congo riche en ressources naturelles, cette réforme permettrait une meilleure valorisation de son capital naturel, une revalorisation de sa richesse nationale et l’accès à de nouvelles ressources financières, notamment grâce à la mise en place d’un éventuel marché du carbone.

BAD « Banque Africaine de développement »

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